L'assurance-vie et plus particulièrement son support phare connaissent un regain d'intérêt notable depuis plusieurs mois. Après une période de désaffection, les épargnants français se tournent à nouveau vers ce placement traditionnel, attirés par des rendements en hausse et une sécurité appréciable dans un contexte économique incertain. Cette tendance s'inscrit dans un paysage financier en pleine mutation, où les placements sans risque retrouvent leur attractivité face aux alternatives plus volatiles.
Le retour en grâce du fonds euro
Après plusieurs années de performances en berne, le fonds euro séduit de nouveau les épargnants français. Ce revirement s'explique par plusieurs facteurs conjugués, principalement liés à l'évolution du contexte économique et monétaire. Les chiffres parlent d'eux-mêmes avec une collecte nette de 1,3 milliard d'euros enregistrée en février, un niveau qui n'avait pas été atteint depuis un an et demi. Début 2025, le symbole a été marquant puisque l'encours total de l'assurance-vie a franchi la barre symbolique des 2 000 milliards d'euros, confirmant la place prépondérante de ce placement dans le patrimoine des Français.
Les raisons de la nouvelle attractivité des fonds en euros
La remontée des taux directeurs orchestrée par la Banque Centrale Européenne constitue le principal moteur de ce regain d'intérêt. Après avoir atteint un pic à 4% entre octobre 2023 et juin 2024, le taux de dépôt de la BCE a amorcé une légère baisse, tout en restant à des niveaux historiquement élevés. Cette politique a directement impacté les rendements obligataires, composante majoritaire des fonds euros. Les Obligations Assimilables du Trésor à 10 ans, qui représentent environ un tiers des investissements de ces fonds, se sont stabilisées autour de 2,8% en 2024, après être remontées de 0,1% en 2021 à près de 3% fin 2023.
En parallèle, l'inflation qui avait atteint un pic inquiétant de 5,2% en 2022 est redescendue à des niveaux plus modérés, autour de 1,3% en 2024, avec des prévisions stables à 1,6% pour 2025. Cette maîtrise de l'inflation permet aux fonds euros de redevenir attractifs en termes de rendement réel. Après avoir connu des rendements réels négatifs en 2022 et 2023, la situation s'est inversée en 2024 avec un rendement réel légèrement positif de 0,07%, une tendance qui devrait se confirmer en 2025 avec un rendement réel envisageable de l'ordre de 0,5%.
Les profils d'épargnants qui se tournent vers cette solution
La garantie du capital constitue l'argument principal qui séduit une large typologie d'épargnants. Les investisseurs prudents, particulièrement sensibles à la préservation de leur patrimoine, trouvent dans le fonds euro une réponse adaptée à leurs besoins. On observe également un retour des épargnants plus avertis qui avaient délaissé ce support au profit d'investissements plus dynamiques durant la période de taux bas. Face aux incertitudes économiques mondiales, la sécurité offerte par le fonds euro devient un atout majeur.
Les futurs retraités constituent une autre catégorie particulièrement attirée par ce placement. En phase de sécurisation progressive de leur épargne, ils apprécient la combinaison entre rendement amélioré et absence de risque en capital. La flexibilité des versements et la disponibilité des fonds, contrairement au Plan d'Épargne Retraite, renforcent cet attrait. Enfin, les personnes soucieuses de la transmission de leur patrimoine sont sensibles aux avantages fiscaux de l'assurance-vie, qui permet une transmission exonérée de droits jusqu'à 152 500 euros par bénéficiaire pour les primes versées avant 70 ans.
Les avantages du fonds euro dans le contexte actuel
Le regain d'intérêt pour les fonds en euros s'explique aussi par leur positionnement avantageux par rapport aux autres placements sans risque disponibles sur le marché. Avec un rendement moyen qui devrait se situer entre 2,7% et 3% en 2025, ces supports se démarquent favorablement du Livret A, dont le taux est passé de 3% à 1,7% au 1er août 2025. Cette différence de rémunération compense largement les contraintes fiscales de l'assurance-vie après huit ans de détention.
La sécurité face aux incertitudes économiques
Dans un environnement économique marqué par diverses incertitudes, le fonds euro offre une stabilité rassurante aux épargnants. Sa garantie en capital constitue un socle de sécurité précieux, notamment pour les investisseurs ayant une faible tolérance au risque. Cette garantie signifie que le capital versé, net des frais d'entrée, est protégé contre toute perte. En outre, l'effet cliquet assure que les gains acquis chaque année sont définitivement intégrés au capital et ne peuvent plus être perdus, créant ainsi une dynamique d'accroissement régulier du capital.
Les assureurs disposent également d'un mécanisme stabilisateur avec la provision pour participation aux bénéfices. Cette réserve, qui s'élevait à environ 3,9% des encours à fin 2024, permet de lisser les performances dans le temps. Elle peut être utilisée pendant une période allant jusqu'à huit ans pour compléter les rendements futurs lors des années moins favorables. Cette capacité à maintenir une performance relativement stable, même en période de turbulences, constitue un atout majeur pour les épargnants recherchant la prévisibilité.
La comparaison avec les autres placements disponibles
Face aux alternatives de placement, le fonds euro présente un positionnement intéressant en termes de couple rendement-risque. Comparé au Livret A, il offre désormais une rémunération nettement supérieure malgré une fiscalité moins avantageuse. L'écart de rendement de plus d'un point de pourcentage en faveur du fonds euro compense largement les prélèvements sociaux et fiscaux, surtout après huit ans de détention. Par rapport aux placements obligataires directs, le fonds euro apporte une diversification naturelle et une gestion professionnelle du portefeuille, sans les contraintes techniques liées à la sélection et au suivi des obligations.
Les unités de compte, qui représentent l'autre composante majeure de l'assurance-vie, offrent certes un potentiel de performance supérieur mais au prix d'un risque de perte en capital. De nombreux épargnants optent pour une approche mixte, combinant la sécurité du fonds euro avec le dynamisme des unités de compte. Cette stratégie de diversification est d'ailleurs encouragée par les assureurs qui conditionnent souvent l'accès aux meilleurs fonds euros à un investissement minimum en unités de compte, généralement entre 30% et 50% de l'investissement total. Cette tendance reflète une évolution dans la perception du fonds euro, désormais considéré comme la base sécurisée d'une stratégie d'investissement plus globale.